25. Ville de Watsa 1960 et 2009


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    Navigation intérieure Lualaba _ Tanganika  CFL  Congo Belge.  En   épisodes 

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  Films de Jean-Louis Gabriel  


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UNE HISTOIRE DU CONGO

(Libre Essentielle - Publication Libre Belgique 21 Octobre 2007)



Le passé colonial belge est souvent au rang des accusés. Pendant plusieurs décennies, pour des milliers d’hommes et de femmes, le Congo fut une aventure humaine au sens noble du terme. Leurs histoires, faites d’échecs comme de réussites, a été peu racontée. Introduction d’un ouvrage plus important, ce dossier bien incomplet évoque quelques parcours, vécus entre le début et la fin du 19e siècle, d’aventuriers, d’humanistes, de commerçants et d’enfants. Beaucoup regrettent le désintérêt de la Belgique pour leur travail, un retour difficile, mais jurent que leurs souvenirs, souvent magnifiques, résistent du temps.

            Nous étions, paraît-il, cerveaux brûlés que le Congo Belge fut créé de toutes pièces. (…) Toutes les entreprises minières, industrielles, commerciales, agricoles – belges ou étrangères –, doivent leur prospérité aux sacrifices, aux souffrances, aux fatigues de ces vétérans coloniaux de tous grades, de toutes formations, qui, par leur courage et leur abnégation, permirent à la Belgique de récolter les fruits autrefois semés par quelques hommes énergiques. Tous en profitent… et les créateurs de cet empire colonial sombrent dans l’oubli et la misère.

C’est ainsi que commencent les mémoires de René Grauwet, vieux broussard, vétéran de l’Etat indépendant du Congo. Ecrit au début des années 50, son texte nous apprend qu’à l’école primaire, il avait déjà reçu un prix en dissertation pour une interprétation du voyage de Stanley de Zanzibar à Goma, intitulé A travers un Continent mystérieux. En 1904, il est adolescent lorsqu’il se présente aux bureaux de l’Etat Indépendant du Congo pour y signer un engagement pour le Katanga. A l’époque, si l’on se fie à  sa mémoire, l’homme de la rue se demandait déjà ce que les jeunes pouvaient avoir dans la tête pour partir dans ce pays de fièvre et de cannibales. René Grauwet était militaire, excellent cavalier. En Afrique, une de ses premières activités fut de dresser quelques zèbres qu’il découvre dans un enclos perdu de la plaine de Zufira. Empreints d’humour et d’humanité, ses écrits pourraient inspirer pas mal de scénaristes de films d’aventures. Ainsi, au cours d’une de ses premières missions, il libère une colonne d’esclaves que des mercenaires arabes s’apprêtent à vendre à des Portugais. Le geste lui valut la reconnaissance des plus grands chefs africains. Quelques années plus tard, agent pour le compte de l’Union Minière, il fait deux fois le tour du Katanga à pied pour y recruter une main-d’oeuvre indigène dont il sera le premier à s’étonner des conditions de vie. Ce titre introduit son engagement dans le parc de l’Upemba qu’il crée à partir de 1939. « Je pense pouvoir dire qu’avec le temps, mon père est davantage devenu un homme d’Afrique que d’Europe », se souvient sa fille Monique, née au Congo, en 1923. « Quand nous avons rejoint l’Upemba, mon père avait une carte, une boussole et ses idées. J’étais adolescente. Il y avait, bien entendu, une équipe d’indigènes à notre disposition, mais je me souviens de ce site magnifique où tout était à faire. Notre maison n’avait ni portes, ni fenêtres en dur. On ne se déplaçait qu’à pied, suivant les cours d’eau. Le soir, autour du feu pour écarter les animaux sauvages, l’équipe racontait les événements du jour. J’entends toujours résonner les rires. Je vois les nuits pleines d’étoiles. Ma mère adorait cette vie. Infirmière, elle tenait un dispensaire. Elle avait abandonné une carrière de pianiste pour accompagner papa. Elle était spécialiste de Chopin. Comme elle ne pouvait avoir un piano en brousse, elle a appris l’accordéon. Je vous laisse imaginer Chopin, accompagné par les ricanements des hyènes ou le barrissement lointain des éléphants. Tout cela ne manquait pas de poésie…

Nissim Israël, connu sous le nom d’Olivier Strelli, pointe également l’incroyable aventure humaine que fut l’Afrique pour sa famille. Son père, Shimon Israël, emprunta les traces d’un certain Salomon Benatar, premier Juif à débarquer au Katanga vers 1905. Ce Salomon avait quitté Rhodes à l’âge de douze ou quatorze ans, à l’époque très pauvre. Il était arrivé comme passager clandestin à Ismaïliya, en Egypte, où il fit de premières affaires, avant de s’embarquer pour Beira, au Mozambique, chercher de l’or et des diamants. Benatar reçut des Portugais la concession d’un pont à la frontière entre le Mozambique et le Zimbabwe, l’ex-Rhodésie, avant d’entendre parler du Katanga. Il rejoignit le Bas Congo à pied. Huit cent kilomètres !

Quelques années plus tard, explique Nissim Israël, Salomon Benatar a convaincu d’autres jeunes juifs de Rhodes de le rejoindre dont un certain Maurice Alhadeff. Je cite ce nom car bien des années plus tard, j’allais rencontrer, à Londres, sa petite fille qui devint mon épouse. Etonnant raccourci de l’histoire entre ma famille et le Katanga, et ce n’est pas le seul.



Alhadeff accueillit mon père en 1924. Il avait dix-sept ans. Papa quittait une île pour aider ses parents qu’il ne revit jamais. Comme tous les autres juifs, il commença à monter sa propre affaire dès qu’il eut assez d’économies.

Neo-zélandais, le grand-père de Georges Forrest était venu combattre les Boers en Afrique du Sud au début du 20e. A son retour, l’aventure impressionna son fils qui s’engagea comme mousse pour rejoindre l’Afrique.« C’était en 1921 », précise l’industriel. « Mon père avait quatorze ans. Arrivé au Cap, il entendit parler du Congo. Il a pris le train pour Lubumbashi où il a trouvé du travail. Le Katanga hébergeait alors pas mal de jeunes aventuriers, venus chercher fortune. Mon père a épousé Rachel Capeloutto, une Juive dont le mari était décédé. Il l’a épousée, adoptant ses deux enfants, avant d’en avoir trois autres avec elle. Je suis ainsi Juif par ma mère, benjamin de la famille. Après quelques mois, il possédai t son camion. Le train de Kinshasa s’arrêtait alors à Tenke. Il s’est occupé du déplacement des vivres et des colis postaux depuis le terminus. Il a vite grandi, prenant pied dans le secteur minier en 1929. »Le Congo n’était pas qu’une affaire d’aventuriers et de chercheurs de fortune. Jacques Geurts rend hommage à la mémoire de son père qui, diplômé de l’Université Coloniale d’Anvers, partit au Congo en 1930 pour y travailler dans l’Administration territoriale. « Il est important de distinguer le broussard du citadin », explique celui-ci, né en 1933, insistant sur une enfance inoubliable. « Mon plus profond souvenir est un sentiment incroyable de bien-être. Le temps a certes adouci les réalités– j’y ai d’ailleurs perdu une soeur –, mais je garde de cette époque de merveilleux souvenirs. Vivre en brousse vous obligeait à rencontrer l ’Afrique. Je ne dis pas qu’il n’y avait pas de distinction entre Blancs et Noirs, mais je devais jouer avec des enfants du quartier sinon je n’aurais pu jouer avec personne. »Entre 1948 et 1960, son père administrait le district de Lusambo, au Kasaï-Oriental, un territoire dix fois comme la Belgique. Le jeune adolescent pouvait parfois l’accompagner en tournées. « Nous arrivions dans des villages où nous étions reçus comme des princes. Evidemment, la peau blanche et le titre de mon père faisaient de nous des privilégiés. J’ai ainsi pu rencontrer un grand chef du Kasaï qui a revêtu sa tenue officielle pour nous recevoir. C’était extraordinaire !Mon père était très proche des indigènes, habité par cette idée d’apporter notre civilisation là-bas. Il respectait, mais voulait faire du Congoune Belgique d’Afrique. Avec le temps, il a compris que cette colonie n’intéressait pas les Belges. Cela l’a profondément déçu. J’ai vécu ce manque d’intérêt lorsque je suis venu étudier le droit à Namur, en 1953.Je commençais ces études, avec l’idée de faire mieux que mon père. Découvrir la Faculté avait d’abord été une déception. Il y avait la tristesse du lieu, la grisaille, l’éloignement… Nous avions formé un Cercle d’étudiants coloniaux. Nous avions plein de choses à raconter, mais cela n’intéressait pas les Belges. Ce sentiment n’a fait que grandir.



Mon père est rentré en 1960, persuadé qu’il avait passé trente ans de sa vie pour rien. Et ce n’était pas aux Africains qu’il en voulait…

L’avocat pointe les fausses images inconsciemment véhiculées par certains lorsqu’ils rentraient au pays. « Ces gens revenaient une fois tous les trois ans. En Afrique, la vie était magnifique, mais dure et austère. Surtout en brousse ! Quand ils revenaient, ces coloniaux menaient la grande vie. Dépensaient. On leur a reproché d’acheter de grosses voitures, mais ces modèles étaient adaptés à l’Afrique où ces voitures  étaient envoyées. Ce mode de vie a malheureusement fait naître une suspicion de frimes et l’image de profiteurs. » Certains pointent également l’occultation de l’effort de guerre fait par le Congo, finançant près de 85%des ressources du gouvernement belge en exil  L’implication de la colonie dans le conflit fut multiple, confirmée par l’alignement du franc belge sur le franc congolais, par l’envoi de la Force Publique (nom donné à l’armée du Congo) en Abyssinie où elle remporta plusieurs victoires sur les Italiens en 1941, avant de combattre en Afrique de l’Ouest contre certaines colonies françaises demeurées fidèles à Vichy, puis à Suez et en Palestine.



Une méconnaissance que regrette également Janine Fierens, fille du docteur Théo Vleurinck, médecin engagé en 1927 par la Compagnie du chemin de fer du Bas-Congo.

Comme beaucoup d’enfants de mon âge, j’ai été envoyée adolescente en Belgique, se souvient celle-ci.« Ce fut une expérience difficile, dans une école qui ressemblait pour moi à une prison. Un jour, un professeur m’a d’ailleurs dit que l’Afrique « était pour les ratés ». Ma réaction me valut d’être mise à la porte. J ’avais tellement été blessée par ces mots que je n’osais pas les répéter à mon père. »Au milieu des années cinquante, le Congo vit pourtant de nouveau arriver une nouvelle génération d’idéalistes et d’humanistes. Certains milieux intellectuels, industriels et politiques belges avaient compris que la colonie n’avait pas d’avenir si on ne lui laissait pas le droit de s’émanciper et de disposer d’une population formée uniquement par des missionnaires. La création des Universités de Lovanium et d’Elisabethville permit alors à une série de jeunes chercheurs et d’intellectuels belges de participer à l’aventure.

Mon mari, Paul Fierens, en faisait partie, se souvient Janine.

Ami d’Ilya Prigogine, il fut un des fondateurs de l’Université Officielle du Congo Belge et du Ruanda-Urundi à Elisabethville. Ce fut une période extraordinaire. Paul a pris ce projet à coeur, mais fut vite étonné par les relations entre Bruxelles et le Congo. Il avait l’impression que ceux que nous appelions « les visiteurs de la saison sèche » ne connaissaient rien des réalités de l’Afrique et de la richesse culturelle de ce pays. Hélas, à Bruxelles, ceux-là prenaient les décisions. Sur place, plus Paul s’intéressait à cet univers, plus il était gagné par une profonde humilité. Nous avions apporté notre civilisation, sans nous intéresser nécessairement à la leur. L ’Histoire s’est ensuite emballée. Ah si nous avions suivi les grandes lignes du Manifeste de Van Bilsen ! C’était un plan de 30 ans, sans doute trop long, mais je reste convaincue que si on nous avait laissé le temps de former une génération, les décennies suivantes auraient été bien différentes. Malheureusement, la Belgique nous a lâché…



Revenu en Belgique, Paul Fierens devint doyen à la Faculté polytechnique de Mons, à la seule condition de pouvoir retourner un mois par an comme professeur au Katanga qui le fit docteur honoris causa. Convaincu de la nécessité de freiner l’exode rural, en collaboration avec la coopération belge, il mit en place un projet multidisciplinaire touchant à l’éducation, la santé et l’agriculture dans la zone de Capella. Aujourd’hui soutenu par l’Abade-Congo (Association Mondiale des Amis de l’Enfance), le projet repose sur l’idée de faire passer des informations entre autres par les enfants, en s’appuyant sur une pédagogie dynamique d’enquêtes, de jeux et de pièces de théâtre. « Notre objectif est d’amener les populations à prendre en main leur destin », continue Janine Fierens, à la tête du projet depuis le décès de son époux.

La méthode de l’Enfant pour l’enfant s’est avérée idéale pour mettre en pratique nos idées. Nous sommes persuadés que les enfants sont les meilleurs vecteurs de communication pour des sujets comme la vaccination, les problèmes de déshydratation ou la lutte contre le sida ou la malaria. Je consacre ici toute mon énergie à récolter de l’argent pour les aider. Capella est un projet d’avenir, développé sur place par une équipe médicale congolaise exceptionnelle. J’apprécie d’autant cette méthode d’apprentissage que je garde sur mon bureau une photographie de moi enfant, assise à une table avec Dekke, le fils du gardien. Je dois avoir sept ans, et je lui apprenais à lire, enseignant ce que j’avais appris le matin de ma mère. Certains trouveront l’image paternaliste, mais moi, je n’oublie pas, bien des années plus tard, les remerciements de Dekke, capable de lire…

Jacques Geurts revient sur la méconnaissance du Congo par la Belgique.« J ’ai été rappelé à Lubumbashi en 1960 », poursuit celui-ci, attaché à l’ultime promotion de magistrats belges à Lubumbashi. « J’ai voulu souscrire une assurance vie avant mon départ. En préparant le contrat, j’ai pointé les risques d’émeutes, de guerres, de conflits ou d’attaques diverses. Tout fut accepté sans surprime. » Son épouse revoit ce départ, et les semaines difficiles qui suivirent : « J’avais deux petits garçons, un de 17 mois, un autre de 6. Jacques devait m’appeler dès qu’il avait trouvé une maison. Les valises étaient prêtes. Je ne me voyais d’ailleurs pas vivre ailleurs qu’en Afrique. Mais ce fut le silence. Deux jours. Trois jours. Une semaine. Les informations devenaient de plus en plus dramatiques. On parlait de victimes européennes. Puis ce furent sept, à Elisabethville. Tous les jours j’appelais les Affaires étrangères. Je demandais : « Est-ce que le nom de Geurts est sur la liste ? » Au téléphone, je me disais : « veuve ; pas veuve ; veuve ;pas veuve… » Puis on me répondait : « Non madame. Pas de nouvelles. Téléphonez demain ! » Quand Jacques est rentré en octobre, je ne pesais plus 50 kg . Nous n’avions plus rien, mais il était sauf…



Je n’oublierai jamais le jour où nous avons quitté le Katanga », reprend le docteur Yves Jacques. « J’avais quatorze ans. C’était la fin de la journée, au coucher du soleil. Aujourd’hui, je sens toujours cette odeur si particulière ;je revois cette lumière. J’étais convaincu que je voyais la savane pour la dernière fois. A la fin de mes études en médecine, en 1971, je suis retourné à Lovanium, mais ce n’était pas la même chose. En Belgique, l’attente de mon père fut également pénible : sans nouvelles, nous nous rendions tous lesjours avec ma mère à l’aéroport pour recueillir d’éventuelles informations de rapatriés. Mon père, Jo Jacques, est rentré brisé. Mentalement et professionnellement ! Avec plus de quinze ans de carrière, il ne pouvait réintégrer la magistrature belge. Il avait 48 ans. Le Congo est devenu un sujet tabou à la maison. Mon père a retrouvé du travail dans l’administration, mais ce n’était pas la même chose. Maman a commencé à travailler pour financer nos études. Elle est restée une vingtaine d’années dans l’administration. Personne ne connaissait son histoire. C’était une histoire merveilleuse, mais elle n’aurait jamais osé la raconter. »Belges à n’avoir jamais quitté le Congo. « Pourquoi ? » s’interroge celui-ci. « Peut-être parce que je n’avais pas, au contraire d’autres, un ailleurs pour m’installer. Juif par ma mère, Néo-zélandais par mon père, où pouvais-je me réfugier ? Nous sommes de là, de cette terre d’Afrique. Nos affaires devaient tourner. Ce ne fut pas toujours sans mal : mon père a beaucoup souffert de la radicalisation du régime dans les années 70. Il est décédé en 74 alors qu’il s’apprêtait à revoir l’Australie pour la première fois. Lors des événements de Kolwezi, j’ai été condamné à mort, emmené vers le peloton d’exécution. Ce sont mes gens de maison qui m’ont sauvé. » L’industriel évoque des heures de détresse, mais aussi de très beaux moments. Dans les années 60, notamment, décennie où, dit-il, le Congo avait un PB équivalent à celui du Canada, supérieur à l’Afrique du Sud. Tout était là à Elisabeth ville :restaurants, écoles, centre de sport, clubs privés ou de loisirs. Les années 70 eurent aussi quelques belles années, avec l’arrivée des premiers Boeing 747 en Afrique, la visite des astronautes ayant posé le pied sur la lune ou des galas invitant le gratin mondial de la boxe. La suite fut moins rose… « Etre présent dans les moments difficiles nous a permis d’être avant tout le monde dans la reconstruction », conclut Georges Forrest.



L’Africain est aujourd’hui davantage respecté, mais les distinctions existent toujours. Les barrières raciales se sont estompées ; d’autres, économiques, restent trop marquées. Un investisseur ne peut plus travailler comme il le faisait hier. Nous avons depuis longtemps pris nos responsabilité s ailleurs que dans le monde des affaires, soutenant des secteurs aussi divers que le culturel ou les soins de santé. Un de mes projets importants est d’intégrer Lubumbashi au Patrimoine de l’Humanité. Avec le processus démocratique que nous soutenons, nous sommes dans une phase, je dirais, d’espoir. Je crois dans un Congo où mes petits-enfants vivront. Ce pays reste un des plus beaux endroits de la planète. »Nissim Israël entretient également une réelle tendresse pour ses années africaines. Né en 1946, le créateur n’a pourtant pas que des souvenirs agréables, mais les moments délicats s’effacent devant les souvenirs heureux. L’écouter raconter sa famille, au bord du lac Mukamba, un véritable paradis sur terre à quelques heures de Luluabourg, en témoigne. « Nous y partions les week-end. Y aller, frères et soeurs entassés dans le camion, était une aventure incroyable. Là-bas, nous devenions les princes du Kasaï. Je revois ces poissons que le cuisinier grillait sur le feu. Les mangues. Les noix de coco. Il n’y avait ni l’eau, ni l’électricité, rien que du bonheur.» En 1969, après ses études, Nissim revint d’ailleurs au Congo pour vivre à Kinshasa où il travailla pour la Calico Printers Association , fabrique anglaise de tissus pour boubous. « Comme administratif, d’abord, un boulot que je détestais. Un jour, j’ai dessiné des imprimés. Les dessins ont plu, me permettant de passer du côté créatif de la maison. Mes premiers enfants, Mélissa et Olivier, sont nés à cette époque. Avec mon épouse, nous nous sommes posé la question de rester ou rentrer en Europe : la vie était magnifique, à Kinshasa, mais on sentait l’ambiance s’alourdir…

Quelques mois plus tard, le styliste fait l’événement au Salon de Paris, se retrouvant du jour au lendemain avec une commande de 60 000 chemises à honorer. J’avais le bon d’achat et les modèles, mais pas d’argent pour commander les tissus, se souvient celui-ci. « J’ai été voir différentes banques. Toutes m’ont remballé. Trop jeune. Trop inconnu. Peu fiable. Et j’en passe… Je devenais fou. J’ai croisé un ancien ami employé par la Banque du Congo. Je lui ai raconté mes rêves et mes malheurs. Il m’a dit de passer le lendemain par son bureau et, finalement, c’est la Banque du Congo qui a permis à Olivier Strelli d’exister. » Le Belge relève encore les liens de solidarité entre coloniaux, des liens tissés dès l’enfance, capables de traverser l’Histoire. « Je reçois parfois des coups de fil d’anciens que je n’ai pas vus depuis des lustres. Blancs ou Noirs. On se donne des nouvelles. Certains ont des postes importants ; d’autres pas. Mais si le fils d’un ancien du Katanga passe par la Belgique , il y a toujours une place pour lui chez moi. »Résy Debra distingue les générations. « Je suis née au Congo en 1954 »,explique-t- elle. « Je suis arrivée en Belgique à 12 ans pour mes études. La différence avec mes parents, c’est que j’étais de là-bas et eux d’ici. Je quittais l’Afrique ; ils rentraient chez eux. » Résy pointe pourtant la chance d’avoir eu un père intéressé par ce pays et ses richesses. « Ingénieur agronome, un de ses projets fut le recensement de la flore et l’étude des sols pour distinguer les espèces les plus adaptées », se souvient celle-ci. « Je reste impressionnée par ses connaissances, mais aussi par son instinct de survie et son ingéniosité. Il y a eu certainement des coloniaux qui sont venus se remplir les poches, mais il y en a eu d’autres, beaucoup d’autres, que le sens du devoir a toujours conduit. C’est important de rappeler leur courage. Lui et ma mère devaient trouver des solutions à tout. Je sais qu’un jour, ils ont fabriqué un antidote pour la rage car une de mes soeurs avait été mordue. Ils ont fait cela, si ma mémoire est bonne, avec des os de chèvre. Grâce à lui, mon inconscient est habité de ce goût d’Afrique qu’il essayait de partager. Il était un conteur incroyable, « notre mémoire »,nous disait-il en riant. »Cette sociologue se souvient tout de même de deux mondes, clairement partagés. Les Blancs et les Noirs. « Le monde africain était à la fois loin et proche, mais on ne peut pas dire qu’on l’ignorait », pense celle-ci. « Je me souviens pourtant d’un sentiment de malaise dès l’enfance. Pourquoi sommes-nous blancs ? Pourquoi sont-ils noirs ? La société était organisée de manière claire : comme si nous pouvions les regarder, mais pas vivre avec eux. La couleur de la peau nous préservait. Dans les années 70, j’ai eu l’occasion de travailler à Kinshasa comme professeur. J’avais alors une conscience politique plus marquée, mais les contacts sont devenus de plus en plus difficiles. Mon mari fut ensuite appelé comme informaticien à la Gécamines. La distinction devint de plus en plus marquée. Les Blancs, entre eux, et les Noirs chez eux. Je découvrais une sorte de cage dorée, ressentais l’impression de devenir un mercenaire. Cela n’avait rien à voir avec l’Afrique que j’avais aimée. Nous, de plus en plus riches, eux, de plus en plus pauvres. Avec mon mari, nous avons décidé de rentrer en 1976. »Dans quelques semaines, Résy Debra s’apprête pourtant à retrouver le Congo avec Martine Dory, également une ancienne d’Afrique. « Il fallait que le temps passe, perdre le regard colonial », continue-t-elle. « Il y a dix ans, le Congo était trop dangereux ; il y a vingt ans, nos enfants étaient trop jeunes. Aujourd’hui, c’est possible. J’espère rencontrer cette Afrique que je percevais, mais que je ne partageais pas. Vivre l’Afrique et arrêter d’en parler. » La phrase fait sourire Martine qui ne sait encore trop ce qu’elle cherche dans ce retour, si ce n’est retrouver des joies, des rires e tune richesse toujours floue. « Tout cela est au fond de moi, trop caché. Mais c’est quelque chose qui se réveille et dont je pourrais parler à mon retour », promet-elle. « Une histoire qui m’habite encore bien vague, mais pleine de promesses. »Qui sait si, sur place, elles ne croiseront pas Cécile Geurts, l’épouse de Jacques, infirmière retraitée, qui y retourne en mission humanitaire via cette magnifique ONG qu’est médecins sans Vacances. « Quand j’ai eu 62 ans, je voulais rester utile », se souvient-elle.« Un copain m’a appelé. Mon profil de professeur, d’ancienne d’Afrique et d’infirmière, les intéressait. En mars, j’y retourne pour la quatorzième fois ! J’ai retrouvé la lumière, les odeurs, les couleurs, mais aussi du travail, du travail, et encore du travail. Rien ne peut m’arrêter. Plus les conditions sont difficiles, plus je m’y consacre : l’Afrique n’arrive pas à me faire peur. »Et si ce n’est pas Cécile, peut-être tomberont elles sur Janine Fierens, du côté de Kapolowe, habituée à retourner sur ces (ses) terres deux ou trois fois l’année pour y porter un peu d’espoir, comme elle le faisait déjà avec son époux. Revoir les enfants, découvrir leurs spectacles, et rire, comme elle le dit si bien, rire alors que tout vous pousse à pleurer...



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1952 au zoo de Léo





Ville de Watsa 1956- 2009 


 Promenade dans Watsa en 1956 par la classe de Monsieur GéLISE Classe
 de 2 ème   Arlette, Tania,........ (photos prises par notre instituteur)
  
Dortoire_garcons_école_watsa



La poste 1956 


 
 
 
Poste de Watsa 2009



 Maison des Laurent


Vue du centre commercial de Watsa en 2009 



Vue du centre commercial de Watsa  en venant de la zone résidentielle  1957



Vue du centre commercial de Watsa en 2009 


1957


Vue du centre commercial de Watsa en 2009 



 Administration du territoire de Watsa 1956 



Aftique Sauvage 1953




 Administration du territoire de Watsa 2009



Maison  Oppitz 2009



 Prison de Watsa 2009




Maison Direction Motomines à Watsa février 1956



Maison Direction Motomines à Watsa février 2009



Crise au Congo (1960)




Garage Ford et magasin Shun 1978



  Garage Ford en 1957 et Shun


 Garage Ford en 2009





 Dans le garage Ford avec Mr Wasterlai repris après par
 Mr Vandormael Henri 1954




  Le rond point centre ville 2009


 Safari (1957).     1/4


  Le rond point centre ville 1955






Les maisons de la rue des  Cravates à Watsa 2009  











Maison de la famille Leemans 2009




Maison famille Delauney entre 1955 et 1960


 
Maison famille Delauney 2009 ,habitée à deux reprises entre 55 et 60.
Derrière, sur le versant de la colline, le village dit "Bruxelles"  



 Safari (1957).     2/4



Maison famille Delauney entre 1955 et 1960



Watsa: maison Vanden Broeck Ghyslaine et Jean VdB avec Jean-Louis Delauney, 1er sémestre 60.




Watsa: maison Vanden Broeck 1958 





Watsa: maison Vanden Broeck 2009







 Safari (1957)     3/4











 Safari (1957).     4/4









Afrique sauvage










Chutes De Zongo


 

Source de mon Bonheur

 

Au soleil levant de ma vie,

 Lorsque j'étais jeune et innocent,

 Mon coeur de cette lumière,

 Je rêvais de changer le monde.

 

Poussé par cette force intérieure,

 Sans armes, ni bagages,

 Mes parents étaient là....dans ce pays lointain....

 Je voulais, tellement vivre, avec les Congolais.

 

J'ai tout aimé et j'ai essayé de profiter de ce Congo.

 Ses rivières et ses falaises.

 Ses odeurs odorantes.

 Et ses oiseaux colorés.

 

Ses hommes, ses femmes et ses enfants,

 Leur danse frénétique,

 Au rythme du tambour,

 Les fêtes de masques du Kasai,

 En l'honneur des ancêtres

 Et leurs fétiches sculptés avec Amour.

 

Je n'ai que profité de cette contrée.

 La cruauté des leurs efforts,

 La patience des faibles,

 Ce courage des femmes,

 Les rires de ses enfants à Mukamba.

 

Que de joies, de peines et de regrets,

 Que je voulais porter tout seul,

 Pour qu’émerge, quelque peu

 Un avenir humain et merveilleux.

 

Ce peuple, que j'adore

 M'a façonné et toujours étonné.

 Il m'a fait beaucoup pleuré,

 Et,il m'a tellement aimé.

  

Comme un navire

 Quittant ,avec pleurs, ce paradis d'un monde,

 Je suis rentré au port.

 

Ces innombrables rencontres,

 Je les porte dans mon coeur.

 Je continue, je continuerai mon petit et grand voyage intérieur.

 Dans cette paix et cette sérénité.

 

Et, au Soleil couchant de ma vie,

 Animé par cette paix intérieure,

 Je rêve, maintenant, d'un monde à venir.

 

Ils seront là....

 Ses hommes, femmes et ses enfants,

 Sur mon visage, plus de pleurs, ni de larmes,

 Car je contemplerai toujours ce pays de Lumière.

 Cette Source.....Source de mon Bonheur.....

 

Bruno Wins

 







 
"Le club de Watsa"   Le cercle abrite actuellement

des déplacés des conflits avec la LRA à Faradje et

Dungu.


le  club house en 1956

 


1956



 le club house en 2009


 
 
Chemin vers le club de Watsa 2009
 
 
Chasse safari 1930


 

  Le bowling en 1954
  
 
 
Le bowling à l'arrière du club - house c'est Arlette qui pose avec la
 
boule de bowling et à gauche assiseau premier rang: Michèle Barbier

 

Ce qu'il reste du bowling en 2009


 

Classe de Claudy Wauthier 1954



Les ruines du bowling en 2009
 
 
 

Danse village et souhait nouvelle année par les villageois








Terrain de tennis de Watsa 1956





Terrain de tennis de Watsa 2009 


  Le terrain de tennis est envahi par les herbes bien que les supports des filets existent toujours....


 


Eléphant et village 



  Au bar du club,  Jean VdB barman et ses clientes Ghyslaine, Marianne et Christiane. 1954




Photo du club prises par Pierre.Au bar du club en 2009




L'intérieur du club et le bar en 1958 
l'extrême gauche, on reconnaît Arlette Delcroix et la petite fille à gauche de la dame qui tourne le dos, eh bien, c'est moi, Françoise Leemans. La dame qui tourne le dos est Marie-Louise Delcroix de dos le plus proche Jean Laurent 


Photo du club prises par Pierre. 2009
 L'intérieur du club et le BAR 
 
 

Photo du club La scène est disparue 2009 



magbwetu danse magbwetu




La scéne du club 1956




Parties de carte, MM. Delcroix, Vranckx (cigarillo) derrière caché M.Gillet



A gauche la scéne , le bar  en 1958




 La Saint Nicolas au club


 la petite fille Andrée Caufriez (Andy)




Balubas du Katanga


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Témoignages de la vie quotidienne de la famille


Naiken


Filmé par  Winand Naiken
1/3 


2/3 



3/3 






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Pays de Cham 

Par: Winand Naiken, médaille d'argent au festival

de

 Cannes 1957 concernant Stanleyville et sa région



1/2 





2/2 





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Témoignages  de la famille Naiken

Filmé par  Winand Naiken
 
Bwana Kidogo 1/3  
 
 
 
 
Bwana Kidogo 2/3
 



Bwana Kidogo 3/3







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