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1952 au zoo de Léo
Ville de Watsa 1956- 2009
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Films de Jean-Louis Gabriel
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UNE HISTOIRE DU CONGO
(Libre Essentielle - Publication
Libre Belgique 21 Octobre 2007)
Le passé colonial belge est souvent
au rang des accusés. Pendant plusieurs décennies, pour des milliers d’hommes et
de femmes, le Congo fut une aventure humaine au sens noble du terme. Leurs
histoires, faites d’échecs comme de réussites, a été peu racontée. Introduction
d’un ouvrage plus important, ce dossier bien incomplet évoque quelques
parcours, vécus entre le début et la fin du 19e siècle, d’aventuriers,
d’humanistes, de commerçants et d’enfants. Beaucoup regrettent le désintérêt de
la Belgique pour leur travail, un retour difficile, mais jurent que leurs
souvenirs, souvent magnifiques, résistent du temps.
Nous étions, paraît-il, cerveaux
brûlés que le Congo Belge fut créé de toutes pièces. (…) Toutes les entreprises
minières, industrielles, commerciales, agricoles – belges ou étrangères –,
doivent leur prospérité aux sacrifices, aux souffrances, aux fatigues de ces
vétérans coloniaux de tous grades, de toutes formations, qui, par leur courage
et leur abnégation, permirent à la Belgique de récolter les fruits autrefois
semés par quelques hommes énergiques. Tous en profitent… et les créateurs de
cet empire colonial sombrent dans l’oubli et la misère.
C’est ainsi que commencent les
mémoires de René Grauwet, vieux broussard, vétéran de l’Etat indépendant du
Congo. Ecrit au début des années 50, son texte nous apprend qu’à l’école
primaire, il avait déjà reçu un prix en dissertation pour une interprétation du
voyage de Stanley de Zanzibar à Goma, intitulé A travers un Continent
mystérieux. En 1904, il est adolescent lorsqu’il se présente aux bureaux de
l’Etat Indépendant du Congo pour y signer un engagement pour le Katanga. A
l’époque, si l’on se fie à sa mémoire,
l’homme de la rue se demandait déjà ce que les jeunes pouvaient avoir dans la
tête pour partir dans ce pays de fièvre et de cannibales. René Grauwet était
militaire, excellent cavalier. En Afrique, une de ses premières activités fut
de dresser quelques zèbres qu’il découvre dans un enclos perdu de la plaine de
Zufira. Empreints d’humour et d’humanité, ses écrits pourraient inspirer pas
mal de scénaristes de films d’aventures. Ainsi, au cours d’une de ses premières
missions, il libère une colonne d’esclaves que des mercenaires arabes
s’apprêtent à vendre à des Portugais. Le geste lui valut la reconnaissance des
plus grands chefs africains. Quelques années plus tard, agent pour le compte de
l’Union Minière, il fait deux fois le tour du Katanga à pied pour y recruter
une main-d’oeuvre indigène dont il sera le premier à s’étonner des conditions
de vie. Ce titre introduit son engagement dans le parc de l’Upemba qu’il crée à
partir de 1939. « Je pense pouvoir dire qu’avec le temps, mon père est
davantage devenu un homme d’Afrique que d’Europe », se souvient sa fille
Monique, née au Congo, en 1923. « Quand nous avons rejoint l’Upemba, mon père
avait une carte, une boussole et ses idées. J’étais adolescente. Il y avait,
bien entendu, une équipe d’indigènes à notre disposition, mais je me souviens
de ce site magnifique où tout était à faire. Notre maison n’avait ni portes, ni
fenêtres en dur. On ne se déplaçait qu’à pied, suivant les cours d’eau. Le
soir, autour du feu pour écarter les animaux sauvages, l’équipe racontait les
événements du jour. J’entends toujours résonner les rires. Je vois les nuits
pleines d’étoiles. Ma mère adorait cette vie. Infirmière, elle tenait un
dispensaire. Elle avait abandonné une carrière de pianiste pour accompagner
papa. Elle était spécialiste de Chopin. Comme elle ne pouvait avoir un piano en
brousse, elle a appris l’accordéon. Je vous laisse imaginer Chopin, accompagné
par les ricanements des hyènes ou le barrissement lointain des éléphants. Tout
cela ne manquait pas de poésie…
Nissim Israël, connu sous le nom
d’Olivier Strelli, pointe également l’incroyable aventure humaine que fut
l’Afrique pour sa famille. Son père, Shimon Israël, emprunta les traces d’un
certain Salomon Benatar, premier Juif à débarquer au Katanga vers 1905. Ce
Salomon avait quitté Rhodes à l’âge de douze ou quatorze ans, à l’époque très
pauvre. Il était arrivé comme passager clandestin à Ismaïliya, en Egypte, où il
fit de premières affaires, avant de s’embarquer pour Beira, au Mozambique,
chercher de l’or et des diamants. Benatar reçut des Portugais la concession
d’un pont à la frontière entre le Mozambique et le Zimbabwe, l’ex-Rhodésie,
avant d’entendre parler du Katanga. Il rejoignit le Bas Congo à pied. Huit cent
kilomètres !
Quelques années plus tard, explique
Nissim Israël, Salomon Benatar a convaincu d’autres jeunes juifs de Rhodes de
le rejoindre dont un certain Maurice Alhadeff. Je cite ce nom car bien des
années plus tard, j’allais rencontrer, à Londres, sa petite fille qui devint
mon épouse. Etonnant raccourci de l’histoire entre ma famille et le Katanga, et
ce n’est pas le seul.
Alhadeff accueillit mon père en
1924. Il avait dix-sept ans. Papa quittait une île pour aider ses parents qu’il
ne revit jamais. Comme tous les autres juifs, il commença à monter sa propre
affaire dès qu’il eut assez d’économies.
Neo-zélandais, le grand-père de
Georges Forrest était venu combattre les Boers en Afrique du Sud au début du
20e. A son retour, l’aventure impressionna son fils qui s’engagea comme mousse
pour rejoindre l’Afrique.« C’était en 1921 », précise l’industriel. « Mon père
avait quatorze ans. Arrivé au Cap, il entendit parler du Congo. Il a pris le
train pour Lubumbashi où il a trouvé du travail. Le Katanga hébergeait alors
pas mal de jeunes aventuriers, venus chercher fortune. Mon père a épousé Rachel
Capeloutto, une Juive dont le mari était décédé. Il l’a épousée, adoptant ses
deux enfants, avant d’en avoir trois autres avec elle. Je suis ainsi Juif par
ma mère, benjamin de la famille. Après quelques mois, il possédai t son camion.
Le train de Kinshasa s’arrêtait alors à Tenke. Il s’est occupé du déplacement
des vivres et des colis postaux depuis le terminus. Il a vite grandi, prenant
pied dans le secteur minier en 1929. »Le Congo n’était pas qu’une affaire
d’aventuriers et de chercheurs de fortune. Jacques Geurts rend hommage à la
mémoire de son père qui, diplômé de l’Université Coloniale d’Anvers, partit au
Congo en 1930 pour y travailler dans l’Administration territoriale. « Il est
important de distinguer le broussard du citadin », explique celui-ci, né en
1933, insistant sur une enfance inoubliable. « Mon plus profond souvenir est un
sentiment incroyable de bien-être. Le temps a certes adouci les réalités– j’y
ai d’ailleurs perdu une soeur –, mais je garde de cette époque de merveilleux
souvenirs. Vivre en brousse vous obligeait à rencontrer l ’Afrique. Je ne dis
pas qu’il n’y avait pas de distinction entre Blancs et Noirs, mais je devais
jouer avec des enfants du quartier sinon je n’aurais pu jouer avec personne.
»Entre 1948 et 1960, son père administrait le district de Lusambo, au
Kasaï-Oriental, un territoire dix fois comme la Belgique. Le jeune adolescent
pouvait parfois l’accompagner en tournées. « Nous arrivions dans des villages
où nous étions reçus comme des princes. Evidemment, la peau blanche et le titre
de mon père faisaient de nous des privilégiés. J’ai ainsi pu rencontrer un
grand chef du Kasaï qui a revêtu sa tenue officielle pour nous recevoir.
C’était extraordinaire !Mon père était très proche des indigènes, habité par
cette idée d’apporter notre civilisation là-bas. Il respectait, mais voulait
faire du Congoune Belgique d’Afrique. Avec le temps, il a compris que cette
colonie n’intéressait pas les Belges. Cela l’a profondément déçu. J’ai vécu ce
manque d’intérêt lorsque je suis venu étudier le droit à Namur, en 1953.Je
commençais ces études, avec l’idée de faire mieux que mon père. Découvrir la
Faculté avait d’abord été une déception. Il y avait la tristesse du lieu, la
grisaille, l’éloignement… Nous avions formé un Cercle d’étudiants coloniaux.
Nous avions plein de choses à raconter, mais cela n’intéressait pas les Belges.
Ce sentiment n’a fait que grandir.
Mon père est rentré en 1960,
persuadé qu’il avait passé trente ans de sa vie pour rien. Et ce n’était pas
aux Africains qu’il en voulait…
L’avocat pointe les fausses images
inconsciemment véhiculées par certains lorsqu’ils rentraient au pays. « Ces
gens revenaient une fois tous les trois ans. En Afrique, la vie était
magnifique, mais dure et austère. Surtout en brousse ! Quand ils revenaient,
ces coloniaux menaient la grande vie. Dépensaient. On leur a reproché d’acheter
de grosses voitures, mais ces modèles étaient adaptés à l’Afrique où ces
voitures étaient envoyées. Ce mode de
vie a malheureusement fait naître une suspicion de frimes et l’image de
profiteurs. » Certains pointent également l’occultation de l’effort de guerre
fait par le Congo, finançant près de 85%des ressources du gouvernement belge en
exil L’implication de la colonie dans le
conflit fut multiple, confirmée par l’alignement du franc belge sur le franc
congolais, par l’envoi de la Force Publique (nom donné à l’armée du Congo) en
Abyssinie où elle remporta plusieurs victoires sur les Italiens en 1941, avant
de combattre en Afrique de l’Ouest contre certaines colonies françaises
demeurées fidèles à Vichy, puis à Suez et en Palestine.
Une méconnaissance que regrette
également Janine Fierens, fille du docteur Théo Vleurinck, médecin engagé en
1927 par la Compagnie du chemin de fer du Bas-Congo.
Comme beaucoup d’enfants de mon âge,
j’ai été envoyée adolescente en Belgique, se souvient celle-ci.« Ce fut une
expérience difficile, dans une école qui ressemblait pour moi à une prison. Un
jour, un professeur m’a d’ailleurs dit que l’Afrique « était pour les ratés ».
Ma réaction me valut d’être mise à la porte. J ’avais tellement été blessée par
ces mots que je n’osais pas les répéter à mon père. »Au milieu des années
cinquante, le Congo vit pourtant de nouveau arriver une nouvelle génération
d’idéalistes et d’humanistes. Certains milieux intellectuels, industriels et
politiques belges avaient compris que la colonie n’avait pas d’avenir si on ne
lui laissait pas le droit de s’émanciper et de disposer d’une population formée
uniquement par des missionnaires. La création des Universités de Lovanium et
d’Elisabethville permit alors à une série de jeunes chercheurs et
d’intellectuels belges de participer à l’aventure.
Mon mari, Paul Fierens, en faisait
partie, se souvient Janine.
Ami d’Ilya Prigogine, il fut un des
fondateurs de l’Université Officielle du Congo Belge et du Ruanda-Urundi à
Elisabethville. Ce fut une période extraordinaire. Paul a pris ce projet à
coeur, mais fut vite étonné par les relations entre Bruxelles et le Congo. Il
avait l’impression que ceux que nous appelions « les visiteurs de la saison
sèche » ne connaissaient rien des réalités de l’Afrique et de la richesse
culturelle de ce pays. Hélas, à Bruxelles, ceux-là prenaient les décisions. Sur
place, plus Paul s’intéressait à cet univers, plus il était gagné par une profonde
humilité. Nous avions apporté notre civilisation, sans nous intéresser
nécessairement à la leur. L ’Histoire s’est ensuite emballée. Ah si nous avions
suivi les grandes lignes du Manifeste de Van Bilsen ! C’était un plan de 30
ans, sans doute trop long, mais je reste convaincue que si on nous avait laissé
le temps de former une génération, les décennies suivantes auraient été bien
différentes. Malheureusement, la Belgique nous a lâché…
Revenu en Belgique, Paul Fierens
devint doyen à la Faculté polytechnique de Mons, à la seule condition de
pouvoir retourner un mois par an comme professeur au Katanga qui le fit docteur
honoris causa. Convaincu de la nécessité de freiner l’exode rural, en
collaboration avec la coopération belge, il mit en place un projet
multidisciplinaire touchant à l’éducation, la santé et l’agriculture dans la
zone de Capella. Aujourd’hui soutenu par l’Abade-Congo (Association Mondiale
des Amis de l’Enfance), le projet repose sur l’idée de faire passer des
informations entre autres par les enfants, en s’appuyant sur une pédagogie
dynamique d’enquêtes, de jeux et de pièces de théâtre. « Notre objectif est
d’amener les populations à prendre en main leur destin », continue Janine
Fierens, à la tête du projet depuis le décès de son époux.
La méthode de l’Enfant pour l’enfant
s’est avérée idéale pour mettre en pratique nos idées. Nous sommes persuadés
que les enfants sont les meilleurs vecteurs de communication pour des sujets
comme la vaccination, les problèmes de déshydratation ou la lutte contre le
sida ou la malaria. Je consacre ici toute mon énergie à récolter de l’argent
pour les aider. Capella est un projet d’avenir, développé sur place par une
équipe médicale congolaise exceptionnelle. J’apprécie d’autant cette méthode
d’apprentissage que je garde sur mon bureau une photographie de moi enfant,
assise à une table avec Dekke, le fils du gardien. Je dois avoir sept ans, et
je lui apprenais à lire, enseignant ce que j’avais appris le matin de ma mère.
Certains trouveront l’image paternaliste, mais moi, je n’oublie pas, bien des
années plus tard, les remerciements de Dekke, capable de lire…
Jacques Geurts revient sur la
méconnaissance du Congo par la Belgique.« J ’ai été rappelé à Lubumbashi en
1960 », poursuit celui-ci, attaché à l’ultime promotion de magistrats belges à
Lubumbashi. « J’ai voulu souscrire une assurance vie avant mon départ. En
préparant le contrat, j’ai pointé les risques d’émeutes, de guerres, de
conflits ou d’attaques diverses. Tout fut accepté sans surprime. » Son épouse
revoit ce départ, et les semaines difficiles qui suivirent : « J’avais deux
petits garçons, un de 17 mois, un autre de 6. Jacques devait m’appeler dès
qu’il avait trouvé une maison. Les valises étaient prêtes. Je ne me voyais
d’ailleurs pas vivre ailleurs qu’en Afrique. Mais ce fut le silence. Deux
jours. Trois jours. Une semaine. Les informations devenaient de plus en plus
dramatiques. On parlait de victimes européennes. Puis ce furent sept, à
Elisabethville. Tous les jours j’appelais les Affaires étrangères. Je demandais
: « Est-ce que le nom de Geurts est sur la liste ? » Au téléphone, je me disais
: « veuve ; pas veuve ; veuve ;pas veuve… » Puis on me répondait : « Non
madame. Pas de nouvelles. Téléphonez demain ! » Quand Jacques est rentré en octobre,
je ne pesais plus 50 kg
. Nous n’avions plus rien, mais il était sauf…
Je n’oublierai jamais le jour où
nous avons quitté le Katanga », reprend le docteur Yves Jacques. « J’avais
quatorze ans. C’était la fin de la journée, au coucher du soleil. Aujourd’hui,
je sens toujours cette odeur si particulière ;je revois cette lumière. J’étais
convaincu que je voyais la savane pour la dernière fois. A la fin de mes études
en médecine, en 1971, je suis retourné à Lovanium, mais ce n’était pas la même
chose. En Belgique, l’attente de mon père fut également pénible : sans
nouvelles, nous nous rendions tous lesjours avec ma mère à l’aéroport pour
recueillir d’éventuelles informations de rapatriés. Mon père, Jo Jacques, est
rentré brisé. Mentalement et professionnellement ! Avec plus de quinze ans de
carrière, il ne pouvait réintégrer la magistrature belge. Il avait 48 ans. Le
Congo est devenu un sujet tabou à la maison. Mon père a retrouvé du travail
dans l’administration, mais ce n’était pas la même chose. Maman a commencé à
travailler pour financer nos études. Elle est restée une vingtaine d’années
dans l’administration. Personne ne connaissait son histoire. C’était une
histoire merveilleuse, mais elle n’aurait jamais osé la raconter. »Belges à
n’avoir jamais quitté le Congo. « Pourquoi ? » s’interroge celui-ci. «
Peut-être parce que je n’avais pas, au contraire d’autres, un ailleurs pour
m’installer. Juif par ma mère, Néo-zélandais par mon père, où pouvais-je me
réfugier ? Nous sommes de là, de cette terre d’Afrique. Nos affaires devaient
tourner. Ce ne fut pas toujours sans mal : mon père a beaucoup souffert de la
radicalisation du régime dans les années 70. Il est décédé en 74 alors qu’il
s’apprêtait à revoir l’Australie pour la première fois. Lors des événements de
Kolwezi, j’ai été condamné à mort, emmené vers le peloton d’exécution. Ce sont
mes gens de maison qui m’ont sauvé. » L’industriel évoque des heures de
détresse, mais aussi de très beaux moments. Dans les années 60, notamment,
décennie où, dit-il, le Congo avait un PB équivalent à celui du Canada,
supérieur à l’Afrique du Sud. Tout était là à Elisabeth ville :restaurants,
écoles, centre de sport, clubs privés ou de loisirs. Les années 70 eurent aussi
quelques belles années, avec l’arrivée des premiers Boeing 747 en Afrique, la
visite des astronautes ayant posé le pied sur la lune ou des galas invitant le
gratin mondial de la boxe. La suite fut moins rose… « Etre présent dans les
moments difficiles nous a permis d’être avant tout le monde dans la reconstruction
», conclut Georges Forrest.
L’Africain est aujourd’hui davantage
respecté, mais les distinctions existent toujours. Les barrières raciales se
sont estompées ; d’autres, économiques, restent trop marquées. Un investisseur
ne peut plus travailler comme il le faisait hier. Nous avons depuis longtemps
pris nos responsabilité s ailleurs que dans le monde des affaires, soutenant
des secteurs aussi divers que le culturel ou les soins de santé. Un de mes
projets importants est d’intégrer Lubumbashi au Patrimoine de l’Humanité. Avec
le processus démocratique que nous soutenons, nous sommes dans une phase, je
dirais, d’espoir. Je crois dans un Congo où mes petits-enfants vivront. Ce pays
reste un des plus beaux endroits de la planète. »Nissim Israël entretient
également une réelle tendresse pour ses années africaines. Né en 1946, le
créateur n’a pourtant pas que des souvenirs agréables, mais les moments
délicats s’effacent devant les souvenirs heureux. L’écouter raconter sa
famille, au bord du lac Mukamba, un véritable paradis sur terre à quelques
heures de Luluabourg, en témoigne. « Nous y partions les week-end. Y aller,
frères et soeurs entassés dans le camion, était une aventure incroyable.
Là-bas, nous devenions les princes du Kasaï. Je revois ces poissons que le
cuisinier grillait sur le feu. Les mangues. Les noix de coco. Il n’y avait ni
l’eau, ni l’électricité, rien que du bonheur.» En 1969, après ses études,
Nissim revint d’ailleurs au Congo pour vivre à Kinshasa où il travailla pour la
Calico Printers Association , fabrique anglaise de tissus pour boubous. « Comme
administratif, d’abord, un boulot que je détestais. Un jour, j’ai dessiné des
imprimés. Les dessins ont plu, me permettant de passer du côté créatif de la
maison. Mes premiers enfants, Mélissa et Olivier, sont nés à cette époque. Avec
mon épouse, nous nous sommes posé la question de rester ou rentrer en Europe :
la vie était magnifique, à Kinshasa, mais on sentait l’ambiance s’alourdir…
Quelques mois plus tard, le styliste
fait l’événement au Salon de Paris, se retrouvant du jour au lendemain avec une
commande de 60 000 chemises à honorer. J’avais le bon d’achat et les modèles,
mais pas d’argent pour commander les tissus, se souvient celui-ci. « J’ai été
voir différentes banques. Toutes m’ont remballé. Trop jeune. Trop inconnu. Peu
fiable. Et j’en passe… Je devenais fou. J’ai croisé un ancien ami employé par
la Banque du Congo. Je lui ai raconté mes rêves et mes malheurs. Il m’a dit de
passer le lendemain par son bureau et, finalement, c’est la Banque du Congo qui
a permis à Olivier Strelli d’exister. » Le Belge relève encore les liens de
solidarité entre coloniaux, des liens tissés dès l’enfance, capables de
traverser l’Histoire. « Je reçois parfois des coups de fil d’anciens que je
n’ai pas vus depuis des lustres. Blancs ou Noirs. On se donne des nouvelles.
Certains ont des postes importants ; d’autres pas. Mais si le fils d’un ancien
du Katanga passe par la Belgique , il y a toujours une place pour lui chez moi.
»Résy Debra distingue les générations. « Je suis née au Congo en 1954 »,explique-t-
elle. « Je suis arrivée en Belgique à 12 ans pour mes études. La différence
avec mes parents, c’est que j’étais de là-bas et eux d’ici. Je quittais
l’Afrique ; ils rentraient chez eux. » Résy pointe pourtant la chance d’avoir
eu un père intéressé par ce pays et ses richesses. « Ingénieur agronome, un de
ses projets fut le recensement de la flore et l’étude des sols pour distinguer
les espèces les plus adaptées », se souvient celle-ci. « Je reste impressionnée
par ses connaissances, mais aussi par son instinct de survie et son
ingéniosité. Il y a eu certainement des coloniaux qui sont venus se remplir les
poches, mais il y en a eu d’autres, beaucoup d’autres, que le sens du devoir a
toujours conduit. C’est important de rappeler leur courage. Lui et ma mère
devaient trouver des solutions à tout. Je sais qu’un jour, ils ont fabriqué un
antidote pour la rage car une de mes soeurs avait été mordue. Ils ont fait
cela, si ma mémoire est bonne, avec des os de chèvre. Grâce à lui, mon
inconscient est habité de ce goût d’Afrique qu’il essayait de partager. Il
était un conteur incroyable, « notre mémoire »,nous disait-il en riant. »Cette
sociologue se souvient tout de même de deux mondes, clairement partagés. Les
Blancs et les Noirs. « Le monde africain était à la fois loin et proche, mais
on ne peut pas dire qu’on l’ignorait », pense celle-ci. « Je me souviens
pourtant d’un sentiment de malaise dès l’enfance. Pourquoi sommes-nous blancs ?
Pourquoi sont-ils noirs ? La société était organisée de manière claire : comme
si nous pouvions les regarder, mais pas vivre avec eux. La couleur de la peau
nous préservait. Dans les années 70, j’ai eu l’occasion de travailler à
Kinshasa comme professeur. J’avais alors une conscience politique plus marquée,
mais les contacts sont devenus de plus en plus difficiles. Mon mari fut ensuite
appelé comme informaticien à la Gécamines. La distinction devint de plus en
plus marquée. Les Blancs, entre eux, et les Noirs chez eux. Je découvrais une
sorte de cage dorée, ressentais l’impression de devenir un mercenaire. Cela
n’avait rien à voir avec l’Afrique que j’avais aimée. Nous, de plus en plus
riches, eux, de plus en plus pauvres. Avec mon mari, nous avons décidé de
rentrer en 1976. »Dans quelques semaines, Résy Debra s’apprête pourtant à
retrouver le Congo avec Martine Dory, également une ancienne d’Afrique. « Il
fallait que le temps passe, perdre le regard colonial », continue-t-elle. « Il
y a dix ans, le Congo était trop dangereux ; il y a vingt ans, nos enfants
étaient trop jeunes. Aujourd’hui, c’est possible. J’espère rencontrer cette
Afrique que je percevais, mais que je ne partageais pas. Vivre l’Afrique et
arrêter d’en parler. » La phrase fait sourire Martine qui ne sait encore trop
ce qu’elle cherche dans ce retour, si ce n’est retrouver des joies, des rires e
tune richesse toujours floue. « Tout cela est au fond de moi, trop caché. Mais
c’est quelque chose qui se réveille et dont je pourrais parler à mon retour »,
promet-elle. « Une histoire qui m’habite encore bien vague, mais pleine de
promesses. »Qui sait si, sur place, elles ne croiseront pas Cécile Geurts,
l’épouse de Jacques, infirmière retraitée, qui y retourne en mission
humanitaire via cette magnifique ONG qu’est médecins sans Vacances. « Quand
j’ai eu 62 ans, je voulais rester utile », se souvient-elle.« Un copain m’a
appelé. Mon profil de professeur, d’ancienne d’Afrique et d’infirmière, les
intéressait. En mars, j’y retourne pour la quatorzième fois ! J’ai retrouvé la
lumière, les odeurs, les couleurs, mais aussi du travail, du travail, et encore
du travail. Rien ne peut m’arrêter. Plus les conditions sont difficiles, plus
je m’y consacre : l’Afrique n’arrive pas à me faire peur. »Et si ce n’est pas
Cécile, peut-être tomberont elles sur Janine Fierens, du côté de Kapolowe,
habituée à retourner sur ces (ses) terres deux ou trois fois l’année pour y
porter un peu d’espoir, comme elle le faisait déjà avec son époux. Revoir les
enfants, découvrir leurs spectacles, et rire, comme elle le dit si bien, rire
alors que tout vous pousse à pleurer...
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1952 au zoo de Léo
Ville de Watsa 1956- 2009
Promenade dans Watsa en 1956 par la classe de Monsieur GéLISE Classe
de 2 ème Arlette, Tania,........ (photos prises par notre instituteur)
La poste 1956
Maison des Laurent
Vue du centre commercial de Watsa en 2009
Vue du centre commercial de Watsa en venant de la zone résidentielle 1957
Vue du centre commercial de Watsa en 2009
1957
Vue du centre commercial de Watsa en 2009
Administration du territoire de Watsa 1956
Aftique Sauvage 1953
Administration du territoire de Watsa 2009
Maison Oppitz 2009
Prison de Watsa 2009
Maison Direction Motomines à Watsa février 1956
Maison Direction Motomines à Watsa février 2009
Crise au Congo (1960)
Garage Ford et magasin Shun 1978
Garage Ford en 1957 et Shun
Garage Ford en 2009
Dans le garage Ford avec Mr Wasterlai repris après par
Mr Vandormael Henri 1954
Le rond point centre ville 2009
Safari (1957). 1/4
Le rond point centre ville 1955
Les maisons de la rue des Cravates à Watsa 2009
Maison de la famille Leemans 2009
Maison famille Delauney entre 1955 et 1960
Maison famille Delauney 2009 ,habitée à deux reprises entre 55 et 60.
Derrière, sur le versant de la colline, le village dit "Bruxelles"
Safari (1957). 2/4
Maison famille Delauney entre 1955 et 1960
Watsa: maison Vanden Broeck Ghyslaine et Jean VdB avec Jean-Louis Delauney, 1er sémestre 60.
Watsa: maison Vanden Broeck 1958
Watsa: maison Vanden Broeck 2009
Safari (1957) 3/4
Safari (1957). 4/4
Afrique sauvage
Chutes De Zongo
Source de mon Bonheur
Au soleil levant de ma vie,
Lorsque j'étais
jeune et innocent,
Mon coeur de
cette lumière,
Je rêvais de
changer le monde.
Poussé par cette force intérieure,
Sans armes, ni
bagages,
Mes parents étaient
là....dans ce pays lointain....
Je voulais, tellement
vivre, avec les Congolais.
J'ai tout aimé et j'ai essayé de profiter de ce Congo.
Ses rivières et
ses falaises.
Ses odeurs
odorantes.
Et ses oiseaux
colorés.
Ses hommes, ses femmes et ses enfants,
Leur danse
frénétique,
Au rythme du
tambour,
Les fêtes de
masques du Kasai,
En l'honneur
des ancêtres
Et leurs
fétiches sculptés avec Amour.
Je n'ai que profité de cette contrée.
La cruauté des
leurs efforts,
La patience des
faibles,
Ce courage des
femmes,
Les rires de
ses enfants à Mukamba.
Que de joies, de peines et de regrets,
Que je voulais
porter tout seul,
Pour qu’émerge,
quelque peu
Un avenir
humain et merveilleux.
Ce peuple, que j'adore
M'a façonné et
toujours étonné.
Il m'a fait
beaucoup pleuré,
Et,il m'a
tellement aimé.
Comme un navire
Quittant ,avec
pleurs, ce paradis d'un monde,
Je suis rentré
au port.
Ces innombrables rencontres,
Je les porte
dans mon coeur.
Je continue, je
continuerai mon petit et grand voyage intérieur.
Dans cette paix
et cette sérénité.
Et, au Soleil couchant de ma vie,
Animé par cette
paix intérieure,
Je rêve, maintenant,
d'un monde à venir.
Ils seront là....
Ses hommes, femmes
et ses enfants,
Sur mon visage,
plus de pleurs, ni de larmes,
Car je
contemplerai toujours ce pays de Lumière.
Cette
Source.....Source de mon Bonheur.....
Bruno Wins
"Le club de Watsa" Le cercle abrite actuellement
des déplacés des conflits avec la LRA à Faradje et
Dungu.
le club house en 1956
1956
le club house en 2009
Chemin vers le club de Watsa 2009
Chasse safari 1930
Le bowling en 1954
Le bowling à l'arrière du club - house c'est Arlette qui pose avec la
boule de bowling et à gauche assiseau premier rang: Michèle Barbier
Classe de Claudy Wauthier 1954
Les ruines du bowling en 2009
Danse village et souhait nouvelle année par les villageois
Terrain de tennis de Watsa 1956
Terrain de tennis de Watsa 2009 Le terrain de tennis est envahi par les herbes bien que les supports des filets existent toujours.... |
Eléphant et village
Au bar du club, Jean VdB barman et ses clientes Ghyslaine, Marianne et Christiane. 1954
Photo du club prises par Pierre.Au bar du club en 2009
L'intérieur du club et le bar en 1958
l'extrême gauche, on reconnaît Arlette Delcroix et la petite fille à gauche de la dame qui tourne le dos, eh bien, c'est moi, Françoise Leemans. La dame qui tourne le dos est Marie-Louise Delcroix de dos le plus proche Jean Laurent
Photo du club prises par Pierre. 2009
L'intérieur du club et le BAR
Photo du club La scène est disparue 2009
magbwetu danse magbwetu
La scéne du club 1956
Parties de carte, MM. Delcroix, Vranckx (cigarillo) derrière caché M.Gillet
A gauche la scéne , le bar en 1958
La Saint Nicolas au club
la petite fille Andrée Caufriez (Andy)
Balubas du Katanga
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Témoignages de la vie
quotidienne de la famille
Naiken
Naiken
Filmé par Winand Naiken
1/3
2/3
3/3
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Pays de Cham
de
1/2
2/2
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Témoignages de la famille Naiken
Filmé par Winand Naiken
Bwana Kidogo 1/3
Bwana Kidogo 2/3
Bwana Kidogo 3/3
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